Cahier pédagogique "Caen"
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Les thèmes abordés dans le cahier (pdf) :
Caen : une métropole régionale
Caen Métropole : un nouveau territoire
Des hauts-fourneaux au centre tertiaire : un exemple de reconversion industrielle ?
Caen : un exemple de zone industrialo-portuaire ?
La naissance d’un centre commercial
Un littoral face aux enjeux du développement durable
Inscription dans les programmes
Ecole primaire et collège :
Cycle 3 - cycle de consolidation (CM1, CM2 et 6ème)
Classe de CM1
Thème 1 : Découvrir le(s) lieu(x) où j'habite
Identifier les caractéristiques de mon(mes) lieu(x) de vie.
Localiser mon (mes) lieu(x) de vie et le(s) situer à différentes échelles.
Thème 2 : Se loger, travailler, se cultiver, avoir des loisirs en France
Dans des espaces urbains.
Dans un espace touristique.
Classe de CM2
Thème 1 : Se déplacer Se déplacer au quotidien en France.
Thème 3 : Mieux habiter Favoriser la place de la «nature» en ville.
Classe de sixième
Thème 3 : Habiter les littoraux Littoral industrialo-portuaire, littoral touristique.
Classe de troisième
Thème 1 Dynamiques territoriales de la France contemporaine
Lycée :
Première
La France : la métropolisation et ses effets
La France : les systèmes productifs entre valorisation locale et intégration européenne et mondiale
Caen : une métropole régionale marquée par l'histoire ?
Caen, chef-lieu de la région Basse-Normandie et Préfecture du Calvados, est l’une des plus petites capitales régionales de France. La ville compte plus de 113 000 habitants et est à la tête d’une aire urbaine de plus de 400 000 habitants, la seconde de Normandie derrière celle de Rouen.
Caen est entrée dans l’histoire mondiale avec le Débarquement de Normandie, le 6 juin 1944. Le littoral normand est encore marqué par l’événement. On peut ainsi retrouver sur les photographies aériennes anciennes de l'IGN (années 50-60) les traces des aérodromes construits par les forces américaines.
Sur la carte ci-dessous, zoomez sur les points localisés : sélectionnez l'info-bulle pour en savoir davantage sur chacun des aérodromes répertoriés.
La photographie aérienne de 1991 montre les vestiges du port artifciel d’Arromanches, construit par les Alliés afin de permettre le débarquement de matériel lourd.
Caen a été détruite à 68% lors des bombardements de 1944. La ville s’est profondément transformée pendant les Trente Glorieuses.
La croissance urbaine
La croissance de la ville se lit au travers de son étalement urbain. On peut remarquer quelques grands ensembles sur la carte, mais on note plutôt la construction de nombreuses cités et lotissements pavillonnaires.
Cette vue est obtenue en superposant la carte ancienne et la couche bâti (50% de transparence). Les villages avoisinants proftent de la croissance caennaise, témoin d’un phénomène généralisé de rurbanisation.
La carte ancienne de 1969 délimite les contours de la ville. La reconstruction, initiée par Brillaud de La Laujardière, s’est déroulée entre 1947 et 1963, sur un plan de longues avenues rectilignes, bordées d’immeubles en pierre de Caen, le calcaire de la région. L’objectif était de concilier modernisme et préservation d’un patrimoine ancien, sorti miraculeusement indemne des bombardements. Le centre ville apparaît au visiteur comme aéré, avec une grande unité architecturale. Les bâtiments historiques,notamment le château ducal et les deux abbayes (Abbaye-aux-Hommes et Abbaye-aux-Femmes) construits sous Guillaume le Conquérant, continuent de donner une âme au cœur de la ville.
Devenue métropole régionale, Caen s’est progressivement équipée à la mesure de ces nouvelles fonctions. La ville abrite non seulement les lieux du pouvoir régional mais aussi une université, qui accueille près de 30 000 étudiants sur cinq campus différents. Depuis les années 80, elle soutient le développement des technologies de pointe. Le GANIL (Grand Accélérateur National à Ions Lourds), plusieurs laboratoires et des centres de recherche, dont France Télécom Recherche, de grands groupes comme NXP, centrés sur des applications nanotechnologiques, font de Caen une technopole dynamique.
Que faire des anciennes friches industrielles?
L’histoire de ce site est assez intéressante pour comprendre les mutations industrielles du XX siècle. Si l’extraction minière en Normandie est très ancienne, remontant à la période gallo-romaine, il faut attendre le début du XX siècle pour voir naître une entreprise métallurgique de grande ampleur à Caen. L’initiative en revient à l’industriel allemand August Thyssen qui, en 1903, achète le capital de la Société minière et métallurgique du Calvados. Il souhaite utiliser le minerai de fer afn d’en approvisionner ses usines en Allemagne au moindre coût.En 1909, il achète des terrains à Colombelles pour y construire son usine qui bénéfcie d’une situation stratégique le long du Canal de Caen à la mer, facilitant ainsi l’exportation par voie maritime. On peut encore suivre en partie la ligne de chemin de fer construite à partir de 1912 pour relier l’usine aux mines situées plus au sud (Saint Germain le Vasson et Potigny). Réquisitionnée pendant la guerre, l’usine est alors le plus grand haut-fourneau du monde !
L’activité métallurgique cesse défnitivement en 1993 avec la fermeture de la SMN (Société métallurgique de Normandie), traduisant les conséquences de la crise économique née du double choc pétrolier qui touche tout particulièrement le secteur de la sidérurgie. La confrontation des deux cartes montre l’enjeu de la requalifcation de cette friche industrielle aux portes de la ville. Le site de l’ex SMN va accueillir dans les années qui viennent le campus technologique de Philips, avec la construction de 10 000 m de bâtiments, abritant entre autres le centre R&D de Philips Semiconducteurs.
Utilisez le gestionnaire de couches pour comparer la carte de 1969 à la situation actuelle.
La naissance d’un centre commercial.
A l’est de Caen, sur la carte ancienne de 1969 on repère la présence d’un supermarché à la périphérie de la ville, isolé au milieu des champs.
Rappelons que le premier hypermarché a été ouvert en 1963 à Sainte Geneviève des bois. Très vite les hypermarchés se sont spécialisés (enseigne Darty créée en 1968 par exemple).
Un nouveau type de paysage fait donc son apparition à la périphérie des villes : de gigantesques hangars construits ex-nihilo sur des terres agricoles, véritables cavernes d’ali- baba puisqu’on y trouve tous les produits de la société de consommation, facilement accessibles dès lors qu’on dispose d’une voiture…
Caen est tout à fait caractéristique de ces nouvelles polarités périphériques : c’est en 1970 qu’ouvre le premier hypermarché de l’agglomération (Supermonde). Après la fermeture des hauts fourneaux, fut décidée la création d’un vaste complexe commercial de l’autre côté de la RN13 : Mondeville 2. Le groupe de grande distribution caennais Promodès ouvre son plus grand magasin (12000m ²) sur un parking gigantesque (5000 places). En 1998, un complexe cinématographique UGC ouvre les portes de ses 12 salles.
Utilisez le gestionnaire de couches pour afficher la photographie aérienne et la carte IGN actuelle (masquez la couche Cartographie caen 1969).
Les collectivités locales ont financé la construction d’un réseau de communication moderne : l’échangeur de la porte de Paris est le plus fréquenté de l’agglomération.
Avec près de 10 millions de visiteurs recensés, cet espace commercial dispose d’une zone de chalandise régionale et traduit les nouvelles logiques de la géographie du commerce.
Là encore la confrontation de la carte ancienne de 1969 à la situation actuelle permet d’évoquer cette évolution : longtemps le cœur des villes ont été des pôles commerciaux, désormais ces centres commerciaux se situent à la frange extérieure de la ville ; ces espaces commerciaux sont des espaces privés (souvent surveillés par des services de sécurité spécialisés) qui accueillent plus de public que nombre d’espaces publics du centre ville. Cette situation peut s’expliquer par le phénomène d’étalement urbain constaté depuis les Trente Glorieuse, l’automobile étant un facteur clé dans cette périurbanisation.
L’enjeu désormais est de maitriser cette évolution : la consultation du site de l’agglomération permet de prendre connaissance du nouveau projet urbain pour les vingt prochaines années. Mais ces centres commerciaux continuent d’être des moteurs de l’urbanisation comme le montre le choix d’Ikea de s’implanter à Fleury-sur-Orne.
Caen : un centre-ville en danger ?
Problématique : le développement des zones commerciales périphériques est-il un danger pour le centre-ville de Caen? Quelles sont les stratégies d’aménagement envisageables ?
· Vue d’ensemble :
Capture d’écran Édugéo – photographies aériennes et croquis
· Pas moins de 8 zones commerciales sont aujourd'hui implantées autour de Caen, le long d’axes routiers surchargés menant au boulevard périphérique. Ces espaces sont peu accessibles en transports en commun et ont été exclusivement pensés pour l’automobile. La plus grande zone commerciale, Mondeville 2, attire 45000 personnes en moyenne chaque jour.
Capture d’écran Édugéo – photographies aériennes et croquis
· De nouveaux projets sont à l’étude, comme l’extension de la zone Ikea de Fleury-sur-Orne avec l'implantation d'un centre de 30 000m² composé d’un hypermarché Auchan et d’une vaste galerie commerciale de 70 boutiques. Le débat est vif entre défenseurs et opposants au sein de l'agglomération caennaise.
· Comment renouer avec le centre-ville ?
Doit-on poursuivre l’extension de ces zones commerciales comme le souhaite le géant suédois Ikea sur la zone de Fleury-sur-Orne ? Ou plutôt diversifier les entrées de la ville aujourd’hui à dominante commerciale et tenter de les reconnecter avec le centre-ville historique ?
· Un centre-ville, entre rue commerçante traditionnelle et centre commercial récent (« les rives de l’Orne »), accessible en tramway.
· Le secteur « Côte de Nacre » au nord de l'agglomération est la seule une entrée de Caen à dominante commerciale assurant une continuité avec le centre. La présence du CHU, d’un hypermarché Carrefour, du campus universitaire et la proximité du Mémorial pour la paix diversifient l’offre de cette zone. Elle est aussi la seule à être bien connectée au centre-ville par le tramway.
· Le centre de l’agglomération est majoritairement peuplé par des étudiants et des retraités. La population active est majoritairement localisée en zone périurbaine, au-delà du périphérique qui constitue une barrière. L’offre commerciale périphérique pléthorique capte cette population qui fréquente peu le centre-ville. Il s'agit là d'un enjeu en matière d'aménagement du territoire de l'agglomération.
Carte réalisée avec l’outil statistique intégré à Edugéo
Quelles propositions d’aménagement à l’échelle de l’agglomération pourraient donner envie aux périurbains de venir en ville?
· Elargir l’offre de logements de taille intermédiaire à Caen, en maintenant des prix de loyers abordables ;
· Diversifier l’offre commerciale du centre-ville ;
· Créer des complémentarités et des éléments de continuité entre les zones commerciales et le centre historique ;
· Revoir les accès routiers et de transports en commun au centre-ville (nouveaux axes, nouvelle ligne de tramway…)
Un littoral face aux enjeux du développement durable ?
Longtemps le littoral normand est resté peu habité hormis à l’embouchure des cours d’eau où des ports se sont développés comme à Courseulles sur la Seulles et Ouistreham sur l'Orne.
Edugéo permet de confronter la carte de Cassini et la carte d'Etat-major sur laquelle les zones construites apparaissent en rouge.
La plupart des communes de la côte de Nacre se déploient non pas au bord de la mer mais à l'intérieur des terres comme à Luc-sur-Mer (vieux Luc), Hermanville ou Langrune.
Avec la mode des bains de mer, la côte va s'urbaniser rapidement. Ce mouvement va être encouragé par la construction de lignes de chemin de fer à partir de 1875.
Dans la deuxième partie du XXe siècle le littoral a été transformé par le fort mouvement de périurbanisation : la cote de Nacre entre Ouistreham et Courseulles est désormais construite de manière quasi continue ; seule deux trouées existent encore à Courceulles sur mer et Lion sur mer.
Utilisez le gestionnaire de couches pour confronter la carte historique de 1950 et la carte IGN actuelle ou bien encore la photographie aérienne ancienne à la photographie aérienne actuelle. Utilisez la barre de transparence pour mieux visualiser les différences.
Dans l’estuaire de l’Orne, 300 ha sont préservés par le conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres créé en 1975. On repère sur la carte topographique la réserve ornithologique de 50 ha sur la commine de Merville Franceville plage.